Le fer en pays de Bray

Le pays de Bray, un ancien pays du fer

 

     La boutonnière du pays de Bray s’étend des environs de Beauvais, jusqu’au-delà de Neufchâtel-en-Bray en Haute-Normandie. Les terrains plus anciens que la craie des plateaux cauchois et picard y affleurent. Certains contiennent du minerai de fer, notamment les terrains du Wealdien, à base du Crétacé (ère secondaire), particulièrement bien représentés des environs de Forges-les(Eaux jusqu’à Beauvais.

 

     L’exploitation du fer existe déjà aux époques gauloise (La Tène) et gallo-romaine, comme l’ont montré la fouille préventive de la déviation de Forges-les-Eaux (Willy Varin, INRAP). Au Moyen Age, un document fiscal de 1202-1203 mentionne les forges de Forges-les-Eaux et d’Hodeng-Hodenger. De nombreux toponymes « Ferrière », « Forges » ou « Fourneaux » témoignent également de cette ancienne industrie. A la fin du Moyen Age, le fer est encore produit au sud de Forges-les-Eaux (fouille Christophe Colliou).

 

     A partir de 1450, en Bray picard puis en Bray normand, plusieurs établissements sont mentionnées dans les documents. Ils utilisent un nouveau procédé, le procédé indirect.

 

 

Procédé direct, procédé indirect

 

     En Europe, depuis que les hommes savent fabriquer du fer, ils utilisent le procédé direct : le minerai de fer, chauffé dans un bas fourneau en présence du combustible, du charbon de bois, se transforme en une masse de fer brut et des scories noires.

 

     A la fin du Moyen Age apparaît une importante innovation technique, probablement dans les pays rhénans. La nouvelle méthode, appelée procédé indirect, consiste à élaborer le fer en deux temps : dans le haut fourneau est produit de la fonte qui est affinée dans un second atelier, l’affinerie.

 

     C’est l’usage de l’énergie hydraulique pour les soufflets qui a permis d’obtenir une température de l’ordre de 1500 °C conduisant à la production de fonte. Cet alliage de fer et de carbone, impropre au forgeage (mais pouvant être coulé) est transformé en fer dans un second foyer, ce fer étant mis en forme sous un gros marteau hydraulique. Plusieurs roues hydrauliques sont nécessaires : hauts fourneaux et affineries s’installent près des rivières.

 

     Le procédé permet de produire de très grandes quantités de fer à un prix très abordable. Au sortir de la guerre de Cent Ans, lors d’une période de reconstruction et de croissance économique, Il s’installe dans le pays de Bray pour plus de 100 ans.

 

     L’usine à fer de Glinet est une des usines nouvelles qui utilisent la méthode indirecte d’élaboration du fer.

 

 

 

 

Bas fourneau mis au jour à La Ferté-Saint-Samson

(fouille et cliché Christophe Colliou)

 

 

 

 

 

Coupe d’une haut fourneau tirée de l’Art des forges de Courtivron et Bouchu, 1761-1762

 (exemplaire de la bibliothèque MINES Paris Tech)